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Carnets de Campagnes

Élections municipales — Toulouse 2026
9 mai 2025

Batailles de chiffres autour du nombre de radiations sur les listes électorales

La France insoumise (LFI) affirme que 10255 personnes auraient été radiées abusivement. Un chiffre que la municipalité réfute.

En meeting à Toulouse le 1er juin 2024, Jean-Luc Mélenchon l’avait affirmé : « Nous allons déclencher une commission d’enquête sur le déroulement des élections en France. Marre des électeurs radiés dans les quartiers populaires ! Marre des professions de foi non distribuées ! Marre des bulletins de vote non livrés ! » Dans la ville rose, deux jours plus tard, la conseillère municipale « insoumise » Agathe Roby, relayée par les députés LFI de Haute-Garonne, Hadrien Clouet et François Piquemal, avance un chiffre de « 10255 personnes radiées abusivement ». S’appuyant sur les constats de la commission de contrôle des élections, dans laquelle siègent élus de la majorité et de l’opposition, elle ajoute avoir « relevé ce type de pratiques lors des élections précédentes, notamment ces radiations d’office. » Selon elle, de nombreux électeurs ou électrices se retrouvent radiés sans savoir pourquoi. Sur le réseau X, Hadrien Clouet évoque le cas de « deux dames, radiées sans motif », à Saint-Martin-du-Touch, en banlieue toulousaine. Son tweet a, depuis, été retiré. La mairie de Toulouse n’a pas tardé à répondre, par la voix de son adjoint aux élections, Sacha Briand. « Il y a eu en réalité 9901 radiations, soit un rythme normal, et à 99,99 % dues à des décès ou des déménagements » affirme-t-il. Et d’ajouter que Toulouse « connaît un taux de rotation annuel d’environ 3 %. Pour notre part, nous avons radié une seule personne. La France insoumise, avec ces fake news, c’est le trumpisme à la française » tance l’élu.

Chiffres différents du nombre d’inscrits

Mercredi 5 juin, François Piquemal, l’un des deux députés LFI, a un peu relativisé les chiffres avancés en début de semaine. « On veut surtout pointer une série d’accumulation de faits qui nous semblent anti-démocratiques » dit-il. Il évoque « une non campagne du gouvernement pour les inscriptions aux élections » et, surtout, la réduction à Toulouse de prés de 30 % des lieux de vote, notamment dans les quartiers populaires où « la LFI fait ses meilleurs scores ». En décembre 2023, la municipalité avait en effet procédé au regroupement de ces bureaux, passant de 64 à 54 sites sur l’ensemble de la ville. « Tout est fait pour empêcher nos électeurs de se rendre aux urnes » se désole M. Piquemal. Reste que, à quelques jours du scrutin européen, il était toujours difficile de connaître le nombre exact d’inscrits sur la ville. Si la mairie évoque 265172 inscrits, soit 6300 de plus qu’aux dernières élections présidentielles de 2022, la préfecture de Haute-Garonne parle, quant à elle, de 266620 toulousains qui pouvaient aller voter le 9 juin. Un écart qui serait dû « à des inscriptions de dernière minute ou au contingent des résidents de l’Union européenne ». L’Insee, qui procède in fine à la radiation des personnes concernées dans le répertoire électoral unique, après les listes fournies par les municipalités, gardait pour sa part « son droit de réserve » à l’approche du scrutin.

Texte :
Philippe Gagnebet
Croquis :
Luc Perillat