Coup de froid budgétaire sur les terrains et dans les salles toulousaines. Jeudi 28 novembre, en conseil municipal, la mairie de Toulouse doit voter une baisse de 20 % des subventions attribuées aux associations et clubs sportifs, professionnels ou pas. Une décision motivée par l’impact du projet de loi de finances 2025 annoncé par l’Etat et la baisse des dotations aux collectivités. Pour le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (divers droite), cela représente « 25 millions d’euros en moins dans les caisses de la Ville rose. » Pour son adjoint aux finances, Sacha Briand, il s’agit « d’un gel et non d’une baisse. Tous les secteurs sont impactés, donc les clubs aussi devront faire des efforts. » L’élu explique que « en fonction des décisions gouvernementales à venir et de la situation des différents clubs, nous réévaluerons la situation en milieu d’année prochaine. » En tout, ce gel représentera cependant 20 % des quelque 2,7 millions d’euros alloués en 2024. Pour les 140 structures concernées, l’annonce a été accueillie avec surprise, après un courrier adressé le 22 novembre dernier par la municipalité. D’autant que les autres collectivités concernées, et souvent associées, le conseil départemental de Haute-Garonne et la région Occitanie, devraient, elles aussi, annoncer des baisses de ces subventions. Pour Christian Faur, le président du Toulouse Métropole Basket (TMB), cela représentera une baisse de 80 000 euros. Son équipe, qui occupe la première place du classement de deuxième division féminine, « joue la montée et cela risque nous couper l’herbe sous le pied » commente-t-il dans La Dépêche du Midi.
Même réaction du côté de Rémi Chambelin auprès du Monde, le président du Toulouse Féminin Handball (TFH), et ses 400 licenciées, pour qui « c’est une décision scandaleuse. La mairie perd à peine 25 millions sur un milliard de budget et nous fait payer à nous, petite structure, une baisse de 20 %, soit 20 000 euros. » L’équipe première, qui évolue désormais en Nationale 1, soit la troisième division, ne peut plus « vendre » des matches - via des ventes de places par exemple - à des partenaires institutionnels, après avoir perdu son statut professionnel. Pour M. Chambelin, « la situation est très grave, à part augmenter le prix des licences, on n’a pas beaucoup de solutions. » Dans la myriade de petits clubs ou associations, l’inquiétude grandit. D’autant qu’à Toulouse ces subventions sont versées en deux fois : 80 % dès le vote et les 20 % restants en cours d’année suivante. Dans une période de réalisation des budgets prévisionnels, des présidents de clubs ou responsables d’associations devaient se réunir ce 28 novembre. Pour certains, comme le Stade Toulousain Rugby, le Toulouse Football Club ou le Toulouse Olympique XIII, ces baisses ne devraient pas se révéler pénalisantes. Ces clubs professionnels, évoluant sous le statut de Société anonyme sportive professionnelle (SASP) dépendent peu des subventions même si, par exemple, l’association Stade Toulousain et celle des Amis du Stade pourraient perdre 120 000 euros en 2025, pour un budget du club de 48 millions d’euros. Le club de football local, ou le Fenix Toulouse Handball, conserveront pour leur part 600 000 euros, contre 750 000 euros l’année précédente.
Reste que la mairie de Toulouse n’est pas la seule touchée par les restrictions budgétaires et que les subventions sont souvent versées dans le cadre de conventions tripartites, entre collectivités et les clubs ou associations. Ainsi, en Haute-Garonne, le conseil départemental a été contraint de voter un budget rectificatif et de revoir à la baisse des prestations de marché (ventes de places, apparition du logo) pour les clubs professionnels. Pour le TFC, le marché de prestation pour la saison 2023-2024 prévoyait déjà de passer de 240 000 à 50 000 euros. Face à l’effort supplémentaire demandé aux départements, ces « marchés de prestation sont à l’étude, dans le cadre de la réalisation du budget 2025 » affirme la collectivité, sans toutefois donner de détails sur le montant des baisses à venir des subventions au secteur associatif. Mêmes interrogations du côté du conseil régional qui ne donne pas le détail de ces restrictions à venir. Autre inquiétude, celle des investissements futurs annoncés par la mairie à la sortie des Jeux Olympiques de Paris 2024. Premier concerné, le club des Dauphins du TOEC, celui de Léon Marchand. Avec son projet de Cité de la natation, estimé à 33 millions d’euros, le club avait obtenu des financements de la ville pour 4 millions d’euros, de la région Occitanie et du département de la Haute-Garonne à hauteur de 4 millions d’euros chacun. Contactée, la direction du club n’a pas souhaité réagir. Ni à la baisse des subventions, estimée à 45 000 euros, ni au futur financement de son immense projet. A Toulouse, la folle vague suscitée par les exploits des sportifs locaux lors des Jeux Olympiques semble se fracasser un peu sur les eaux de la Garonne.